LE RÔLE DE LA FAMILLE DANS LA SOCIÉTÉ MUSULMANE
Istanbul, Turquie  Juin 1991

 Introduction: La famille est l’unité primaire de la communauté, la cellule initiale au niveau institutionnel et le pont essentiel que les générations antérieures du pays d’origine traversent pour donner naissance aux générations futures. En réalité, la famille est l’unité sociale fondamentale par laquelle l’enfant nouveau-né est pour la première fois introduit dans le monde à sa sortie du ventre maternel. Comme conséquence de cet environnement protégé, l’enfant apprend les fondements de son langage, les valeurs, les normes de comportement, les habitudes, les liens psychologiques et sociaux ainsi que de nombreux traits de son caractère.
En bref, l’unité familiale de base est un environnement d’entraide entre l’homme et la femme et le domaine de la première éducation de l’enfant.
La famille, selon les conceptions Islamiques, n’est pas simplement le moyen de satisfaire des instincts animaux, et la maison familiale n’est pas simplement un endroit pour dormir. En fait, elle représente un environnement éducatif à la fois de sublimation spirituelle et de développement intellectuel. Elle est le lieu où se nourrissent de nobles sentiments réciproques entre le mari et la femme et entre les membres de la famille en général.
La famille en Islam se construit sur un lien sacré et un contrat mutuel de tranquillité, d’amour et d’amabilité entre deux coeurs. Le Coran dit:
«Par un autre signe, Il vous a donné des épouses formées de vous-mêmes afin que vous puissiez trouver votre repos en elles, et planter de l’amour et de la gentillesse dans vos coeurs. Il y a sûrement des signes en cela pour des hommes qui réfléchissent.»
T.C., Sourate 30, (L’Empire Romain), Verset 21.
Mouhamed a dit: «Celui qui se marie préserve la moitié de ses commandements religieux, ainsi, qu’il prenne soin de craindre Dieu pour ce qui concerne l’autre moitié.» Ainsi, «Celui qui se marie» signifie que celui qui fonde une famille et gère ses affaires correctement remplit la moitié des commandements de l’Islam, car il est alors en charge d’une institution qui est la clef de voûte d’une structure bénie et sociale.
Signification linguistique du mot famille:
Si nous examinons le mot «famille» dans différents lexiques, nous le trouvons défini comme étant «la cote d’armure invulnérable» ou «le bouclier sûr». Il signifie aussi « le clan et les parents les plus proches de quelqu’un», parce que ce quelqu’un y trouve protection et réconfort. Conventionnellement, la famille est une combinaison de personnes unies par des liens de parenté et une intimité, telle qu’un père, une mère et un enfant.
Pour faciliter la discussion du rôle de la famille en Islam, nous pouvons la diviser en trois parties principales:
1 - La famille primaire ou initiale:
Elle est l’unité de base et se compose du mari, de son épouse légitime, de ses enfants; elle comporte les relations des deux ou de chacun des deux époux.
2 - La famille intermédiaire:
Celle-ci est plus large que la précédente, car elle couvre tout le territoire et la patrie. Elle peut s’appeler la famille nationale.
3 - La famille humaine:
Celle-ci est de loin la famille la plus étendue et représente, ou plutôt comprend toute l’humanité sur la terre. En vertu de ces définitions, le rôle de la famille en Islam peut se considérer comme ayant des connections importantes avec chacune des rubriques mentionnées ci-dessus.
La famille primaire:
Sa formation et les rôles, fonctions et relations entre ses membres, leurs droits et devoirs sont décisifs pour la construction d’une société stable.
La famille vient à l’existence à la suite d’un mariage légal, qui est une des traditions sanctionnées par Dieu dans sa création et sa formation. Elle est une des pratiques usuelles et communes de toutes les créatures humaines. Dieu dit:
«O Humanité, honorez votre Seigneur Gardien, qui vous a créée d’une seule Personne, créée de même nature, sa compagne, et d’eux a formé un couple éparpillé (comme une semence) en innombrables hommes et femmes.»
T.C., Sourate 4, (Les Femmes), Verset 1.
C’est la volonté et le décret de Dieu que la famille soit fondée sur la relation entre un homme et une femme. Elle a son fondement sur leur consentement mutuel (l’offrande et l’acceptation dénotent ce consentement) à s’appartenir l’un à l’autre, en limitant l’instinct de recherche d’autres relations injustifiées et illicites, de sorte que la progéniture soit protégée et les femmes préservées d’être considérées comme une propriété publique ou une charge pour la société.
Rôle et Fonctions:
1. Protection et soutien de l' espèce humaine:
C’est par la vie de famille que la descendance humaine se multiplie et se perpétue jusqu'à la fin de cette vie terrestre. Le Coran dit:
«Dieu vous a donné des femmes formées de vous-mêmes, et par elles Il vous donne des fils et des petits-fils.»
T.C., Sourate 16, (L’Abeille), Verset 72.
2. Sauvegarde de la lignée et de la descendance:
Une famille bien fondée consiste en membres fiers d’être les descendants de leurs aïeux et de leurs ancêtres. Nul ne peut ignorer la signification psychologique et personnelle que ce type de liens de famille implique: il confère à l’homme sa dignité et sa fierté.
3. Liberté et délivrance de la société de l’immoralité:
La structure sociale ne se maintient intacte que si la construction de la famille se fait convenablement, sinon les peuples sont frappés de déchéance sociale et de dégénérescence morale. Par mesure de précaution, l’Islam ordonne que les familles soient fondées sur le mariage légal. Il y voit la raison de garder les peuples saufs et de leur assurer une bonne morale et des manières vertueuses. Mouhamed dit: «O jeunes gens, ceux d’entre vous qui veulent se marier, faites-le dans l’abstinence et la continence, mais si vous ne pouvez pas faire cela, continuez votre jeûne qui vous retient et vous sauvegarde.»
4. Sauvegarde de la communauté contre les maladies:
Une famille Musulmane est source de générosité, de chasteté et de propreté. Pour cette raison, le pourcentage d’infections sexuelles dans les communautés musulmanes est bas comparativement aux autres communautés où la vie familiale est instable suite aux rapports arbitraires et illicites entre les hommes et les femmes. La maladie du SIDA souligne l’importance et la nécessité de la famille comme fondement de la décence morale et de la relation monogamique, avec ses limitations dans les rapports sexuels et les mélanges entre les deux sexes.
5. Bien-être et tranquillité spirituelle et psychologique:
La famille est l’origine dont surgit tout l’amour, la gentillesse et les élans de familiarité intime entre les époux, leurs enfants et les autres membres de la famille. Toute civilisation qui espère survivre doit être construite sur l’amour, l’équilibre et la générosité. En outre, la paix psychologique et spirituelle de l’esprit et la patience incitent les parents à faire de leur mieux pour surveiller leurs enfants et pour prendre soin d’eux.
6. La famille comme institution d’entraide:
Les deux époux collaborent et partagent leurs responsabilités, chacun selon leurs capacités et leur sphère spécifique. Il en résulte que les enfants se nourrissent des mêmes élans d’entraide et d’intentions altruistes.
L’Islam insiste remarquablement sur la construction des familles et le mariage. Mouhamed dit: «Mariez-vous et prenez des épouses car cela enrichit vos moyens de vivre.» Al-Tussi.
  Relations entre membres d’une famille:
I. Les droits du mari sur sa femme.
II. Les droits de la femme sur son mari.
III. Les droits des enfants sur leurs parents.
IV. Les droits des parents sur leurs enfants.
V. Les droits de la parenté et de la famille.
  A. Les droits des maris:
Dieu dit:
«Les hommes ont de l’autorité sur leurs femmes parce que Dieu les a créés supérieurs à elles, et parce qu’ils sacrifient leur santé pour elles; pour cette raison, les femmes pieusement soumises gardent (en l’absence de leur mari) ce que Dieu leur a donné en garde.»
T.C., Sourate 4, (Les Femmes), Verset 34.
Quant aux traditions prophétiques, nous citons ce qui suit:
a) Ummu-Salamah (que Dieu la bénisse) rapporte ce que Mouhamed a dit: «Toute épouse avec laquelle son mari s’est plu ira au paradis quand elle mourra.»
b) Al-Tabari raconte ce que le Prophète a dit: «Les devoirs que la femme a envers son mari sont: ne pas quitter son lit, l’aider à garder son serment, obéir à ses prières, ne pas sortir sans sa permission, et ne pas admettre quelqu’un qu’il n’aime pas voir dans sa maison.»
c) Il dit aussi: «Les anges exécreront ou condamneront la femme qui quitte le lit de son mari toute la nuit jusqu'à ce qu’elle se réveille.»
  B. Les droits de la femme:
Dieu dit: «Les femmes auront en justice des droits semblables à ceux exercés envers elle.»
T.C., Sourate 2, (La Vache), Verset 228.
a - Mouhamed dit: «Les femmes sont les soeurs des hommes (égales à eux).»
b - Il dit aussi: «Seuls des peuples vertueux traient les femmes avec déférence tandis que les peuples vils les humilient.»
c - Quand Muawiyah Ibn Aiyadah demanda à Mouhamed quels étaient les droits dont la femme de quelqu’un devait jouir, il répondit: «Lui donner à manger quand vous mangez, lui acheter des vêtements quand vous acquérez de nouveaux vêtements, ne pas la frapper à la face, ni l’appeler par des mauvais mots, ni la quitter sauf quand elle n’est pas à la maison.»
  C. Les droits des enfants:
«Dieu vous a engagés vis à vis de vos enfants...»
T.C., Sourate 4, (Les Femmes), Verset 11.
«Vous ne tuerez pas vos enfants par crainte du besoin. Nous prendrons soin d’eux et de vous. Les tuer est une folie.»
T.C., Sourate 17, (Les Enfants d’Israel), Verset 31.
Notre prophète dit:
1. «Soyez affectueux envers vos enfants et ayez pitié d’eux. Remplissez vos promesses envers eux car ils voient que vous ne prenez soin que d’eux.»
2. «Quiconque a un fils se comportera comme un enfant quand il s’occupera de lui ou le traitera.»
3. «Surveillez vos enfants et faites que leurs manières soient bonnes.»
4. «Craignez Dieu et traitez vos enfants avec justice.»
5. «Donnez aux enfants des parts égales; si je devais accorder la préférence à l’un d’eux, je l’accorderais plutôt aux filles.»
6. «Quiconque n’est pas aimable envers nos enfants ou n’honore pas nos aînés n’appartiendra pas à notre communauté.»
7. «A quiconque accorde son soutien à trois filles (ses filles) ou trois soeurs, Dieu accordera de le faire entrer dans Son paradis.»
8. Un homme demanda à Mouhamed: «Quels droits mon fils a-t-il envers moi?» Il répondit: «Choisis-lui un bon nom, apprends-lui de bonnes manières et assure-lui une bonne situation.»
 
D. Les droits des parents:
Dieu dit: «Votre Seigneur vous a commis de n’adorer que Lui, et de témoigner de la tendresse envers vos parents. Si l’un d’eux ou les deux deviennent âgés en votre présence, ne leur montrez aucun signe d’impatience, ni réprimandez-les; mais dites-leur des mots aimables. Traitez-les avec humilité et tendresse et dites: ’Seigneur, soyez miséricordieux envers eux’ Ils ont pris soin de moi quand j’étais enfant.»
T.C., Sourate 17, (Les Enfants d’Israel), Verset 23.
a) Quand on demanda à Mouhamed son appréciation sur les parents, il répondit: «Ils permettent d’aller au paradis ou à l’enfer.»
b) Il enseigna aussi: «La joie du Seigneur vient de leur joie, et sa colère vient de la leur.»
c) Quand on demanda à Mouhamed comment faire son devoir envers ses parents après leur mort, il répondit: «Prier Dieu de les bénir et de leur accorder Son pardon; ensuite, faire ce qu’ils ont promis; accorder des faveurs ou de l’affection aux membres de sa famille, et faire du bien et se montrer aimables envers leurs amis.»
 
E. Droits de la parenté et de la famille:
La parenté comprend ceux qui nous sont proches ou proches de nos proches, tels que les frères, les soeurs, les neveux, les nièces, les oncles, les tantes et les cousins (paternels ou maternels). La parenté entre personnes est comme un lien, ou un fil, qui unit des perles séparées pour en faire un collier ayant un seul nom, une lignée et un seul héritage. Ce collier est la famille qui donne naissance à la formation de la nation, qui constitue la seconde famille, la plus étendue. Quand les membres d’une famille sont étroitement unis, esprits apparentés se nourrissant mutuellement de sympathie, et partageant des sentiments semblables sur leurs besoins, il s’ensuit une unification de la nation, sa solidification et sa cohérence. Les intérêts de l’individu sont ceux de toute la communauté et vice versa. Si des actions charitables sont désirables parmi les peuples en général, en vertu du droit commun de l’être humain, et parmi les croyants sincères en particulier, en vertu de leur fraternité religieuse, alors la charité entre parents et proches est désirable et nécessaire, car cette relation a été largement soulignée dans les Saints Commandements et dans les traditions du Prophète. Dieu dit:
«En concordance avec le livre de Dieu, ceux qui sont unis par des liens de sang sont les plus proches les uns des autres.»
T.C., Sourate 8, (Les Butins de guerre), Verset 75.
Mouhamed a dit ce qui suit:
a)  «Par Dieu qui m’a envoyé, Il n’accepte pas les aumônes de quelqu’un qui les distribue à d’autres alors qu’il a des proches qui ont besoin de ses aumônes. Par Dieu, Il sera mécontent de lui au Jour du Jugement.»
b) «La parenté ou le clan de quelqu’un sont proches du Trône de Dieu en disant: «Dieu, bénissez les droits de la parenté et punissez celui qui défait les liens de la parenté.»
c) «Quiconque aime être mieux et avoir une longue vie doit s’inquiéter de sa parenté.»
d) «Le sens du devoir et l’observance des lois de la consanguinité ont le plus rapidement la récompense du bien, mais l’injustice et la rupture avec les proches recevront le plus rapidement la punition du mal.»
e) «Celui qui détruit les liens de parenté n’entrera jamais au paradis.»
  Lois pour se comporter avec justice en cas de rupture familiale:
Comme nous l’avons vu, la famille est une institution qui peut être portée à souffrir de temps en temps de disputes entre le mari et la femme. Il se peut qu’une des parties ou les deux soient à blâmer. Une telle discorde peut conduire à la séparation ou au divorce. S’il est anticipé que le conflit peut mener à une telle fin, un juge peut être appelé pour intervenir. Ce magistrat peut appointer deux arbitres pour tenter de réconcilier les époux. Cependant, dans une telle circonstance, il y a lieu que les pas suivants soient faits avant de faire appel à un magistrat:
1. Admonition:
Le mari avertit sa femme qu’elle doit mettre fin à sa conduite fautive, pour le bien et dans les meilleurs intérêts de la famille. Si cette tentative s’avère inutile, le mari peut passer à l’étape suivante:
  2. Dissociation:
Ceci signifie abstinence de tout contact sexuel, bien que les deux parties dorment dans le même lit. Dans cette situation, le mari dort le dos tourné vers sa femme. Toutefois, il doit continuer de maintenir normales toutes les autres relations en dehors du lit conjugal. Si cette deuxième mesure se révèle vaine, il peut procéder à la troisième étape, qui est de donner des coups.
 3. Coups:
Ceci est semblable à ce qui est appelé aujourd’hui une protestation sévèrement formulée. De quel type de coups s’agit-il? Le Prophète Mouhamed dit: «Est condamné celui qui frappe à la face.» Il dit aussi: «Ne la frappez pas à la face; n’utilisez pas des mots avec des insanités et ne la quittez pas, sauf dans le lit.» De quel instrument est-il fait usage pour donner des coups? Ibn Abbass dit: «(Si un homme décide de réprimander sa femme) il peut la frapper avec une baguette utilisée pour se laver les dents.» Ceci est pareil à une brosse à dents. Ces coups ne peuvent pas être douloureux ni violents. Cette pratique a uniquement pour but d’avertir plus solennellement la femme de changer de conduite et de s’amender de sorte que la stabilité et l’harmonie puissent revenir dans la vie familiale.
«Quant aux femmes dont vous craignez le manque de loyauté ou la mauvaise conduite, admonestez-les (d’abord), (puis) refusez de partager leur lit, et (finalement) frappez-les (légèrement); mais si elles reviennent à l’obéissance, ne cherchez pas à leur faire des contrariétés. Car Dieu est le Plus Grand, le Suprême.»
T.C., Sourate 4, (Les Femmes), Verset 34.
Si ces trois mesures sont sans résultat, le juge envoie deux arbitres pour examiner le cas et trouve une solution au mieux des intérêts de la famille. Dieu dit:
«Si vous craignez une rupture entre l’homme et sa femme, faites appel à un arbitre parmi les gens de son côté et un autre parmi ceux de sa femme.»
T.C., Sourate 4, (Les Femmes), Verset 35.
Les deux arbitres doivent être mûrs et expérimentés dans cette matière, réputés pour leur honnêteté et solides dans leur foi. Il n’est pas nécessaire qu’ils soient choisis dans les familles des deux époux; cette disposition n’est qu’une recommandation. Les arbitres agiront au mieux des intérêts des mariés. Ils peuvent cependant leur recommander de mettre fin à leur mariage.
 4. Divorce:
Ceci signifie la suppression des liens du mariage, donc de mettre fin à l’état conjugal. Le divorce est à l’opposé de ce que certains peuples croient être: il est le plus détestable de tout ce qui est admissible et légitime aux yeux de Dieu. Car une vie conjugale stable de la famille est une institution particulièrement chère et légitime en Islam. Les liens du mariage doivent être observés jusqu’au décès pour que les époux puissent faire de leur maison un endroit heureux où de bonnes conditions sont réunies pour l’éducation de leurs enfants. C’est pour cette raison que la relation entre mari et femme est sacrée et doit être sûre. Dieu appelle cette relation un contrat ferme.
«...car comment pouvez-vous retirer ce que vous vous êtes prêté l’un à l’autre et que vous vous êtes engagés par un contrat ferme.»
T.C., Sourate 4, (Les Femmes), Verset 21.
Dans ce contexte, Mouhamed dit ce qui suit:
a) «Aux yeux de Dieu le divorce est la plus détestable des pratiques légales.»
b) «Des femmes peuvent être mises en divorce en raison d’un défaut de confiance suspect. Dieu n’aime pas les obsédés sexuels.»
c) «Toute femme qui demande à son mari le divorce sans qu’il y ait de mal n’ira jamais au paradis.»
d) «mariez-vous et ne divorcez pas par simple désir de divorce, ceci ébranlerait le Trône de l’Unique Très Compatissant.»
Si le mari insiste alors pour divorcer, il observera les règles islamiques suivantes:
1. Il ne divorcera pas de sa femme pendant sa période menstruelle.
2. Le divorce sera accompli quand la période est terminée.
3. Il n’aura pas de rapport sexuel avec elle après la période; il attendra qu’une nouvelle période soit apparue et terminée.
4. Il ne sera pas en colère ni exaspéré au moment de lui déclarer son divorce.
5. Le divorce sera accompli devant deux témoins fiables.
6. La femme doit rester dans la maison de son mari pendant trois mois après la déclaration du divorce.
7. Le mari divorcera en prononçant devant sa femme le mot de divorce une seule fois.
   La tragédie du divorce doit suivre trois étapes de procédure, que Dieu a illustrées dans le Coran:
«Le divorce peut être prononcé deux fois et alors la femme doit être tenue en honneur et être autorisée à partir avec courtoisie.»
T.C., Sourate 2, (La Vache), Verset 229.
Cette «autorisation donnée avec courtoisie» est considérée comme la troisième déclaration, qui met fin au mariage complètement et perpétuellement. Puis, trois obligations doivent être remplies après que les trois actes du divorce ont eu lieu. Dieu dit:
«Une provision raisonnable doit être faite aux femmes divorcées. Elle est prise en charge par des hommes droits.»
T.C., Sourate 2, (La Vache), Verset 241.
Cette provision est estimée à la moitié de la dot donnée à la femme à son contrat de mariage. Il s’y ajoute ce que abu Hanifa dit: «Une femme divorcée a le droit d’être pourvue d’un logement et le mari doit aussi payer les frais de son entretien, car elle doit rester pendant une période d’attente au foyer. Ces frais d’entretien sont considérés comme une dette que le mari doit payer à sa femme à partir du jour du divorce. Cette dette ne nécessite pas de consentement mutuel ni le verdict du juge, et elle ne s’acquitte, ou est forfaite, que par son paiement, ou son renoncement de la part de la femme.
D’un autre côté, si la femme estime que son mari n’observe pas ses devoirs conjugaux par négligence, oppression ou mauvais traitement, elle a le droit de le traduire en justice devant un juge, qui l’admonestera à s’amender. Si le mari, cependant, n’écoute pas ou ne s’amende pas, le juge prononcera un verdict le condamnant à des frais d’entretien en faveur de sa femme et permet à celle-ci de désobéir à son mari, même à se séparer de lui. Si ces mesures sont sans effet, le juge châtiera le mari de toutes les façons qui puissent apporter la réconciliation des deux parties. Si ceci s’avère encore sans résultat, le divorce devient inévitable. Dieu dit:
«S’ils se séparent, Dieu leur procurera une compensation dans Son abondance.»
T.C., Sourate 4, (Les Femmes), Verset 130.
Ces droits de la femme sur son mari, tels que précisés par l’Iman Malik (93-179 A.H., 8-9ème C.E.), le grand savant islamique et fondateur de l’Ecole Malikienne de Jurisprudence, se comparent ou correspondent à ceux du mari sur sa femme, et sont spécifiquement mentionnés dans le Coran. Cependant, il y a des différences dans la manière de donner des coups au mari. Tandis que les «coups» donnés par le mari à la femme ne sont ni violents ni douloureux, mais portés par affection, le juge peut frapper le mari violemment et avec un gros bâton.
La deuxième famille: la famille intermédiaire:
Celle-ci est une famille beaucoup plus grande, celles dont les frontières s’étendent au territoire, ou à la patrie, ou à la nation. C’est pourquoi, elle est une famille nationale. Elle se forme à partir de clans et de cités et le tissu en est celui d’une langue et des origines communes. Il en résulte des liens intrinsèques, basés sur l’histoire et se colorant d’une seule ou de plusieurs religions.
Rôle:
La famille nationale joue un rôle important en ce qu’elle doit soutenir la première famille (sa cellule primaire) et fortifier et consolider la famille internationale dans sa globalité. La famille nationale ne peut pas atteindre cet objectif si elle ne fonctionne pas comme une seule personne. Mouhamed dit: «Des efforts unis procurent de la bienveillance mais la division procure des tourments.»
Mouhamed dit aussi: «Dieu procure assistance à un peuple uni, tandis qu’il revient au loup de manger le mouton qui se tient à l’écart.» Il continue alors en disant: «Ne vous opposez pas ou ne vous disputez pas entre vous comme le firent auparavant les peuples qui entretenaient la discorde entre eux et, de ce fait, périrent.»
Une autre tradition de Mouhamed est que: «Deux valent plus qu’un seul; trois sont plus forts que deux; c’est pourquoi, unissez-vous car Dieu accorde seulement ses bons soins à une nation unie.»
  Cette famille joue un rôle dans:
1. La défense de son pays et la sauvegarde de ses sanctuaires.
2. Sa collaboration avec des hommes de commerce, de science, d’industrie et de défense, etc, conduit au progrès et à la prospérité.
3. La préservation des ressources naturelles, sauvegardant ainsi les intérêts de la nation.
4. La conservation de la culture et l’héritage de la nation et de son peuple, en honorant et en respectant tous les aspects et toutes les valeurs religieuses, spirituelles, culturelles et esthétiques.
La famille nationale a pour caractéristique remarquable de n’établir aucune discrimination entre ses citoyens ou ses membres. L’égalité est assurée pour tous les citoyens indépendamment de leur foi, leur couleur ou leur race. La famille nationale empêche ses membres d’être injustes ou de se faire du tort l’un à l’autre. Son code moral est fondé sur la justice qui par essence assure le bien-être. Un Musulman dans cette famille aime ses concitoyens, et il aide et procure du secours aux autres. Il préfère souffrir en patience et il pardonne, non par faiblesse ni par couardise, mais par force et par rectitude. Dieu dit:
«....Ils écartent le mal par le bien.»
T.C., Sourate 13, (Le Tonnerre), Verset 32.
De plus, l’Apôtre de Dieu dit: «La plus grande excellence morale est de garder le contact avec ceux qui s’écartent de vous et de leur faire des cadeaux, de donner à ceux qui refusent de donner et de pardonner à ceux qui vous font injustice.» Ceci parce que l’Islam défend aux Musulmans d’être agressifs et hostiles, sauf si les droits humains sont violés et si des intérêts privés ou publics sont attaqués. Dans ces cas, l’Islam recommande la modération et la discrétion. Mouhamed dit: «Faites des faveurs à ceux qui en sont dignes et à ceux qui ne les méritent pas; s’il arrive qu’elles parviennent à ceux qui les méritent, c’est très bien, cependant si elles ne leur parviennent pas, alors vous méritez de les garder pour vous-mêmes.»
En général, cependant, le Coran exhorte les Musulmans à:
«Aidez-vous les uns les autres à ce qui est bien, non à ce qui est condamnable et méchant.»
T.C., Sourate 5, (La Table), Verset 3.
Ceci est l’Injonction Sainte qui règle et gouverne la conduite et la vie de la famille nationale. Les âmes et les esprits des Musulmans sont renforcés par des vertus morales et des préceptes pratiques qui font du pays un paradis de bonheur. Ceci se résume par quelques unes des traditions de Mouhamed comme suit:
1. «Personne n’est considéré comme un vrai croyant sauf s’il aime et désire pour son frère ce qu’il désire pour lui-même.»
2. «Vous n’entrerez pas au paradis avant de croire et vous ne serez de vrais croyants sans vous aimer les uns les autres.»
3. «En Islam, l’offense et l’injure sont bannies.»
 
  La troisième famille, la plus étendue:
C’est la Famille de l’humanité qui s’étend par-delà les frontières et les pays, et embrasse toute l’humanité. Elle ne reconnaît ni couleur ni croyance, et elle s’étend par-delà les limites du temps. C’est la fraternité de l’humanité qui commença avec Adam et continuera jusqu'à la fin des temps.
L’Islam entoure de beaucoup de considération partout tous les êtres humains, les traitant avec honneur et respect. Dieu dit:
«Nous avons accordé nos bénédictions aux enfants d’Abraham.»
T.C., Sourate 17, (Les Enfants d’Israèl), Verset 70.
Il dit aussi:
«O peuples, Nous vous avons créés d’un homme et d’une femme et Nous vous avons répartis en nations et en tribus afin que vous puissiez vous reconnaître les uns les autres. Le plus noble de vous aux yeux de Dieu est celui qui le craint le plus.»
T.C., Sourate 49, (Les Appartements Privés), Verset 13.
La crainte de Dieu concernant le respect de Sa conception religieuse signifie que «Vous ne pouvez pas entrer dans ce que Dieu vous a interdit, mais que vous devez vous comporter comme Dieu vous a ordonné d’être.» Elle signifie aussi tous les types de bonté, de bienfaisance et de libéralité. Mouhamed dit: «Toutes les créatures dépendent de Dieu, et Il chérit le plus celui qui est le plus bienfaisant envers elles.»
L’Islam commande aux Musulmans de s’aimer et de s’entraider. Mouhamed les met en garde de faire du tort aux non Musulmans. Il dit: «Celui qui offense les non Musulmans m’offense.», parce que s’ils leur témoignent une réelle affection ils en recevront la même en retour. Dieu dit:
«Si un homme vous salue, que votre salut soit encore meilleur que le sien, ou rendez-lui en au moins un semblable.»
T.C., Sourate 4, (Les Femmes), Verset 60.
Mouhamed dessine la caractéristique d’un Musulman dans la famille mondiale en disant: «Un vrai croyant est convivial et recherche l’harmonie, il n’y a pas de bien dans une personne qui n’est pas aimable et sociable.»
Ensuite, Mouhamed commence à dépeindre le rôle d’un Musulman, qu’il souligne encore avec force, dans la famille mondiale, en disant: «La meilleure personne est celle qui est la plus bienfaisante envers les hommes.» Il dit aussi: «Le sommet de la sagesse et de la raison après la vraie foi en Dieu est de gagner l’amitié des peuples.»
L’Islam est une foi qui unit la raison, la vraie croyance et l’amour pour tous les peuples. L’Islam réclame, ou plutôt demande, l’établissement d’une seule société humaine; une société où il n’y a pas de différence entre pauvres et riches, Noirs et Blancs, Arabes ou non Arabes, si ce n’est par leurs bonnes actions et les oeuvres par lesquelles ils font obédience à Dieu. Ainsi, sont considérées comme bonnes actions: le culte de Dieu, la lutte contre l’ignorance, les maladies et la pauvreté, les soins aux enfants, la maîtrise des actions d’un oppresseur injuste et l’aide aux opprimés à recouvrer leurs droits.
L’Islam est une religion de justice et d’égalité pour tous les peuples. Mouhamed dit: «Les peuples sont aussi égaux que les dents d’un peigne.» L’Islam met l’accent sur la liberté et la dignité de l’homme. En réprimandant le conquérant de l’Egypte Amr Ibn Al-’As, dont le fils avait maltraité un Egyptien Copte, Omar Ibn-al-Khattab dit: «Comment pouvez-vous asservir un homme né libre.»
L’Islam bannit la conversion par coercition ou par obligation. Dieu dit:
«Il n’y aura pas d’obligation dans la religion.»
T.C., Sourate 2, (La Vache), Verset 296.
L’Islam réclame tout cela pour que tous les peuples puissent vivre heureux sur la terre de Dieu, loin de la colère et de l’envie, de la vanité et des mauvaises actions. L’homme doit se soucier d’aider son semblable, de lui procurer suffisamment de nourriture et la prospérité. Mouhamed dit: «Il ne croit jamais en moi même le temps d’une heure ou d’un jour celui qui mange à satiété et sait que son voisin a faim.»
Les Arabes Musulmans à Médine ont l’habitude de donner une aumône à des pauvres musulmans et non musulmans. Quand le nombre de Musulmans pauvres s’accroît, les Musulmans limitent leurs aumônes uniquement aux Musulmans pauvres.
Dans la plus longue Sourate du Coran, Dieu dit:
«Il ne vous appartient pas de les guider. Dieu guide ceux qu’Il veut guider. Quelles que soient les aumônes que vous donnerez, elles vous reviendront à votre avantage, pour autant que vous les aurez faites par amour pour Dieu. Toutes les aumônes que vous donnerez vous seront payées entièrement en retour: vous ne serez pas lésés.»
T.C., Sourate 2, (La Vache), Verset 272.
L’Islam commande que la famille humaine ressemble à une mère qui aime ses enfants avec égalité; elle donne à tous, sans distinction. Ici sur terre, nous désirons un genre de vie où le droit, la justice et l’égalité prévalent pour tous, où les armes se taisent à jamais et où les mains des hommes travaillent à l’avantage de leurs semblables. Cependant, nous devons réaliser que dans la famille internationale il y a encore beaucoup de nations opprimées et réduites à la misère, dont les sanctuaires ont été désacralisés et dont les ressources et les possessions ont été pillées. Ces nations ont grandement besoin d’une famille internationale qui les aide, les soutienne, leur restaure leurs terres et contribue à leur rendre leurs droits, de sorte que l’injustice et l’infidélité n’existent plus. Néanmoins, la création d’une telle famille internationale, qui prenne en charge ces soins, a besoin que les membres de cette famille s’éduquent d’abord eux-mêmes à la lumière des enseignements divins. De cette façon s’établira non seulement la paix mais aussi l’amour pour tous, la fraternité, l’entraide et le bonheur.
Enfin, espérons que l’humanité acceptera la responsabilité de réaliser une telle famille. Le défi en a été jeté. L’homme acceptera-t-il de relever le plus grand des défis?
 Que la Paix soit sur vous tous.